Bielles SUS2
SUS2 est un acronyme pour Sabbagh Universal Spring.
Le distributeur des SUS2 est la compagnie Dentaurum.
Une bielle SUS2 est constituée d’une tige télescopique s’insérant dans un tube de guidage. Un ressort interne assure une force de compression de 2,4 Newton (1 N = 110 g). Un adaptateur d’arc permet de fixer la bielle sur l’arc orthodontique inférieur et une boucle en forme d’oeilleton permet la fixation sur un tube de headgear sur le bracket de la molaire supérieure à l’aide d’un crochet-boule.
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Le tube télescopique central a une amplitude d’activation de 6 mm du ressort interne et délivre une force de 2,4 N à son maximum de compression. Une désactivation du ressort interne est possible en dévissant la vis hexagonale interne. Le ressort interne aura alors une amplitude d’activation de 2,1 mm et délivrera alors une force de 1 N (110 g) en compression maximale.
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Un ressort externe appelé ressort « turboressort » enfilé sur l’élément télescopique ajoute une force de 3 N au mécanisme de la bielle. Des espaceurs de 1 ou 2 mm peuvent être ajoutés sur la tige télescopique pour une réactivation. Cela est cependant rarement nécessaire.
Préparation des arcs orthodontiques
Des tubes d’ancrage sont nécessaires pour fixer les bielles sur les molaires supérieures.
J’utilise des tubes convertibles SPEED™ composés d’une base collante très large, d’un tube principal convertible et d’un tube convertible soudé à l’occlusal du tube principal.
Il est important, lors du collage de ces tubes, de pré-adapter la base collante sur un modèle de pierre afin de maximiser le contact de la base avec la surface labiale de la dent.
.La photo ci-contre démontre une parfaire adaptation de la base collante contre la surface de la dent. Mieux la base est adaptée, meilleure est la force d’adhésion.
Afin de maximiser la force d’adhésion, l’émail est microgravé avec un jet de poudre d’oxyde d’alumine 90 microns. Après rinçage et assèchement, l’émail est mordancé.
J’utilise de la résine collante photopolymérisable Assure® sur la base collante et l’émail. Après photopolymérisation de la résine, la base est enduite de pâte Assure® et placée sur la dent. Une pression ferme permet de chasser l’excès de pâte avant de procéder à la photopolymérisation.
Comment ajuster la base collante du bracket?
La base collante doit être ajustée avec une pince bird beak pour obtenir une adaptation intime contre la surface buccale de la molaire. C’est facile à réaliser sur le modèle d’étude, mais rien n’empêche de faire la même adaptation directement en bouche avant le collage si le modèle n’est pas disponible.
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Tube convertible inférieur SPEED™
À l’arcade inférieure, il est avantageux d’utiliser des tubes convertibles tels que manufacturés par SPEED.
Le mécanisme du clip buccal permet une insertion rapide et facile d’un arc orthodontique replié postérieurement (cinch back). Un tube conventionnel risque souvent d’être décollé lors du pliage de l’arc acier .020 X .025.
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Pli baïonnette (buccal offset bend)
Un pli baïonnette vers le buccal est fait au distal de chaque canine inférieure. C’est contre ce pli que vient s’appuyer l’adaptateur d’arc maintenant les bielles en place.
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Crochet boule et attachement molaire supérieur
.Un crochet boule est plié à son extrémité afin d’être inséré dans l’oeilleton de la partie femelle de la bielle. Ce pli permet un dégagement de la bielle du tube de headgear collé sur la molaire.
Le crochet boule est inséré dans le tube de headgear distalement. Le pli près de l’oeilleton est orienté vers le buccal afin d’éloigner l’oeilleton du tube de headgear. Le crochet boule doit avoir une longueur de 2-3 mm au distal du tube de headgear, juste à assez pour donner une liberté de mouvement, mais pas trop long pour éviter de toucher le bracket sur la 2e molaire.
Au mésial du tube, la tige est repliée vers l’occlusal ou vers le gingival. Notez que c’est plus facile de replier vers l’occlusal que vers le gingival. Une pince de Wiengart est utilisée pour le pliage. Toute la force est dans le poignet et il ne faut pas s’appuyer contre l’attachement collé lors du pliage de la tige au risque de décoller le bracket.
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La photo ci-dessus démontre un pliage du crochet boule vers l’occlusal. Remarquez les élastiques E-Link des canines aux 1res molaires afin de distalliser les canines en même temps que les molaires. L’arc supérieur est « cinché » au distal des 2es molaires.
Présentation de cas cliniques
Cas #1
Voici un cas typique d’une malocclusion de classe II division 1 avec peu ou pas d’encombrement (manque d’espace). Le décalage entre les dents supérieures et inférieures est évident.
La radiographie céphalométrique confirme un décalage squelettique de 4 mm vers l’arrière de la mâchoire inférieure (ANB = 7°) et une proéminence de la denture supérieure.
La patiente est âgée de 12 ans.
Bielles SUS2
Des bielles SUS2 ont été utilisées de la 45e à la 69e semaine de traitement, soit un total de 24 semaines. Remarquer la présence d’élastiques E-Link reliant les canines au crochet sur les molaires. Cela permet de reculer les canines en même temps que les molaires le sont par le mécanisme des bielles. Notez que les arcs orthodontiques sont des arcs acier et sont repliés (cinchés) au distal des 2es molaires supérieures et inférieures.
Occlusion finale
Le traitement aura duré 105 semaines. Une relation classe I molaire et canine a été obtenue. L’overjet et l’overbite sont normaux. Nous notons la présence de quelques lésions blanches de surface sur l’émail de certaines dents. Nous avons très souvent réexpliqué les mesures d’hygiène buccodentaire et mise en garde contre le risque de décalcifications de surface. C’est dommage. Ces lésions vont s’atténuer quelque peu avec le temps, l’utilisation d’un dentifrice au fluorure et le maintien d’une hygiène buccodentaire impeccable.
Tracé céphalométrique et superposition
.Le tracé céphalométrique démontre une correction du décalage des dentures supérieure et inférieure.
Pour mieux comprendre les mouvements qui se sont produits, il faut regarder les tracés de superposition initiale et finale.
La différence entre le tracé rouge final et le tracé noir initial représente le mouvement de la dentition dans la correction de la malocclusion. La croissance au niveau des condyles s’exprime par un déplacement antérieur et inférieur de la mandibule au niveau de la pointe du menton (cercles verts).
Le tracé de gauche montre que les dents supérieures ont reculé par rapport à la position initiale, mais cela s’explique par une diminution de la croissance antérieure du maxillaire. En effet, la figure au coin supérieur droit intitulée ANS-PNS@ANS démontre une position stable des incisives supérieures dans le sens antéropostérieur.
La superposition du tracé de la mandibule (corpus gauche – Menton) sur la symphyse mentonnière montre qu’il y a eu croissance au niveau du condyle (cercle vert), que les molaires inférieures ont glissé antérieurement et que les incisives inférieures ont intrudé (ingression) et se sont légèrement inclinées vers l’avant, car le tracé de l’incisive en rouge n’est pas totalement parallèle au tracé de l’incisive en noir.
Tous ces mouvements sont normaux et conforment aux effets thérapeutiques rapportés dans la littérature au sujet des appareils fonctionnels fixes. Voir page: Comment un appareil fonctionnel fixe corrige-t-il une malocclusion de classe II?
Vues de profil initiale et finale. Les lèvres demeurent proéminentes et sont en contact au repos.
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Cas #2
.Le cas #2, outre une relation classe II division 1, présente une supraclusion profonde avec occlusion traumatique au palais (deep overbite impinging palate). Autrement dit, les dents inférieures contactent le palais à l’arrière des incisives supérieures.
.La radiographie céphalométrique met en évidence le décalage entre les dents supérieures et inférieures. Les dents inférieures sont loin derrière les dents supérieures et sont en contact avec le palais.
La lèvre inférieure est ourlée vers l’avant à cause du contact des dents supérieures contre la lèvre inférieure. Le décalage squelettique est de l’ordre de 7,5 mm comparativement à 4 mm pour le cas précédent (cas #1).
La patiente est âgée de 13 ans 6 mois, ce qui signifie qu’elle est avancée dans son adolescence et il y a moins de croissance mandibulaire de disponible.
Un des objectifs de traitement, outre corriger le décalage entre les dents du haut et du bas, est d’augmenter la dimension verticale et permettre l’éruption des dents postérieures.
Les choix de traitement sont:
1- correction de la relation A-P avec des appareils fixes et des bielles SUS2
ou
2- traitement majeur orthochirurgie.
Nous avons opté pour un traitement avec des bielles SUS2 tout en avisant du risque de chirurgie orthognathique.
Bielles SUS2
Les bielles SUS2 ont été insérées à la 26e semaine de traitement et sont demeurées en place durant 17 semaines. Notez les élastiques E-Link sur les canines supérieures afin d’aider à la rétraction des canines en relation classe I. Remarquez la présence de bagues sur les molaires au lieu de brackets collés. En effet, une phase d’expansion palatine a précédé afin de coordonner les arcades dentaires en relation classe I. Je préfère un appareil d’expansion avec bagues (type Hilgers ou type Hyrax), car il me permet d’introduire les bielles plus rapidement que si j’utilisais un appareil d’expansion collé avec recouvrement occlusal en acrylique.
Le changement de la largeur de l’arcade supérieure est évident sur la photo de droite. Les crochets boules pour retenir les bielles sont repliés vers l’occlusal.
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Progression à 43 semaines
Lors de la dépose des bielles SUS2, un arc .017 x .025 β-titanium fut engagé et activé afin de rétracter et intruder les dents antérieures supérieures. Cet arc avec boucle en champignon permet la rétraction rapide des dents antérieures dans un système sans friction.
Progression à 81 semaines
Lorsque les dents antérieures ont été rétractées, un arc .021 x.025 β-titanium et une chaîne élastomérique furent engagés. Ce fil permet de corriger le torque des dents antérieures et la chaîne élastomérique de fermer les espaces.
.Une légère croissance s’est produite au niveau du condyle malgré l’âge de 13 ans et demi.
À l’arcade inférieure, il y a eu éruption des molaires et bascule labiale des incisives inférieures. Au maxillaire, il y a eu un recul des incisives supérieures.
Ces mouvements sont conformes à ceux attendus des bielles de classe II. L’éruption des molaires inférieures a permis de corriger la supraclusion profonde (deep overbite).
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Occlusion finale
Les appareils fixes seront déposés d’ici quelques jours. Photos à venir.
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