Syllogisme à propos de l’articulation temporo-mandibulaire
Définitions de syllogisme:
•Opération par laquelle on déduit une proposition à partir de deux propositions.
•Raisonnement formel dissocié de la réalité.
J’ai reçu un courriel d’un certain gourou de l’ATM et je n’ai pu m’empêcher d’y voir une association non fondée, non justifiée entre 2 propositions qui m’a rappelé mes cours de philosophie au CÉGEP où j’ai appris ce qu’était un syllogisme.
Voici les affirmations qui peuvent être vraies si considérées individuellement, mais dont la conclusion est fausse, puisque le raisonnement est erroné.
1-Plus de 50% de la population, dès l’âge de 20 ans, a au moins un disque déplacé dans au moins une ATM.
En fait, c’est à peu près 30% de la population qui a un dérangement interne (déplacement discal) qui est ASYMPTOMATIQUE, c’est-à-dire: pas de symptôme, pas de douleur.
2-Lorsque le disque est déplacé, le condyle n’est plus aussi bien protégé.
C’est vrai qu’il est préférable d’avoir un disque articulaire à sa place.
Mais c’est la proposition qui est tendancieuse et à l’origine d’une conclusion qui n’est pas la réalité.
En effet, tous les patients qui ont un déplacement discal n’ont pas nécessairement d’atteinte articulaire dégénérative.
Et parmi ceux qui ont une atteinte dégénérative et un déplacement discal, c’est plutôt l’atteinte dégénérative qui est survenue en premier (donc un changement de forme du condyle), ce qui a favorisé un déplacement discal.
3-Il est alors soumis au risque de mal croître si cela se passe en enfance (par exemple à la suite d’un traumatisme) ou au risque de dégénérer.
Deuxième proposition tendancieuse.
Il mélange 2 problèmes : un traumatisme et un déplacement discal.
Un traumatisme (genre un coup ou une chute sur le menton) cause une ischémie (un bleu, une poque, un hématome) dans l’articulation qui affecte la formation de cartilage. Or, tout ralentissement de formation de cartilage du condyle se traduit par un retard de croissance.
Un déplacement discal causera un problème seulement s’il s’ensuit une réaction inflammatoire. Un déplacement discal sans inflammation ne signifie pas que la croissance sera affectée.
4-Lorsque le condyle sous-grandit ou dégénère, l’occlusion se fait plus postérieure.
Ça c’est vrai, mais le patient n’a pas besoin d’avoir un déplacement discal pour avoir un condyle qui dégénère.
De plus, la résorption condylienne peut aussi survenir chez le jeune adulte dont la croissance est terminée.
5-Une occlusion plus postérieure soumet les dents à une augmentation de pression avec un risque de destruction prématurée.
Qu’entend-il par occlusion postérieure? Une rétrognathie mandibulaire, une prématurité occlusale sur les dents postérieures.
Le raccourcissement ou la résorption du condyle cause effectivement une rotation ou un déplacement postérieur de la mâchoire inférieure, mais le déplacement postérieur est l’effet de la résorption condylienne et non la cause.
Conclusion:
Une articulation temporo-mandibulaire doit être considérée comme n’importe quelle articulation du corps humain. À ce titre, elle est sujette à l’arthrose. Ce n’est pas parce qu’il y a des dents à l’autre extrémité (ou entre l’articulation gauche et l’articulation droite) que les dents (ou l’occlusion) sont la cause de l’arthrose.
Le syllogisme est l’association entre un dérangement interne de l’ATM, la résorption condylienne et le manque de croissance du cartilage articulaire.
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