Lien de causalité entre la dentition et les désordres temporo-mandibulaires
Les recherches bien structurées sur le sujet des TTM n'ont pu mettre en évidence l'occlusion comme agent causal.
Selon McNamara, Seligman et Okeson (1995), il n'y a qu'une très faible association entre les facteurs occlusaux (l'occlusion dentaire) et les problèmes temporo-mandibulaires. De plus une association d'un facteur avec un problème de DTM ne signifie pas que le facteur soit la cause du problème de DTM.
Trois facteurs occlusaux ont été associés avec des pathologies articulaires:
1- Une béance antérieure squelettique (skeletal open bite)
2- Un overjet plus grand que 7 mm
3- Un glissement fonctionnel de plus de 4 mm entre la position d'intercuspidation maximale (IM) et la relation centrée (RC)
Mais ces facteurs peuvent être le résultat et non la cause d'un changement osseux ou ligamentaire de l'ATM.
Deux autres facteurs occlusaux ont été identifiés:
4- Articulé croisé unilatéral
5- Mutilation dentaire de 5 dents postérieures et plus.
Bien qu'une occlusion stable soit un objectif raisonnable de traitement, ne pas obtenir une occlusion idéale gnathologiquement ne résulte pas en des signes et symptômes de désordres temporo-mandibulaires
La faiblesse des études pour expliquer la relation entre les DTM et l'occlusion peut être expliqué par:
1- Un symptôme n'est pas une maladie. Avoir un symptôme ou 2 -3 symptômes ne signifie pas qu'ont ait une maladie.
2- Un manque de diagnostic différentiel.
On ne peut pas placer dans la même catégorie des douleurs myofasciale (origine musculaire), des dérangements internes (luxation discale avec ou sans réduction) et des maladie dégénératives de l'ATM.
3- L'absence de définition des facteurs.
Groupés ensemble plusieurs facteurs occlusaux sous le terme malocclusion est une aberration en soi. Chaque facteur occlusal (classe I, II ou III, chevauchement, articulé croisé, etc) est une variable.
4- L'absence d'utilisation d'analyse multifactorielle.
Les analyses multifactorielles permettent d'évaluer la contribution relative de chaque facteur
5- Regroupement inapproprié des données.
Par exemple, le nombre de muscles sensibles ou douloureux à l;a palpation doit être quantifié et il faut savoir si un certain nombre de muscles sensible est plus important qu'un autre nombre.
Pour toutes ces raisons, le lien de causalité avec la dentition et les DTM n'est pas clair et ne peut être considéré comme directement relié.
À quoi sert de porter des prothèses dentaires?
Les prothèses dentaires servent à remplacer les dents manquantes. Avoir une ou plusieurs dents manquantes résultant en un espace édenté signifie qu'il y a eu mutilation dentaire. Une personne complètement édentée est une personne mutilée. Tout comme une personne qui a perdu une jambe, un pied, un bras, une main, un oeil.
Une prothèse dentaire, complète ou partielle, une restauration implantoportée servent à rétablir la fonction de l'organe mutilé. Comme la fonction des dents est de broyer et déchiqueter la nourriture avant de l'avaler, les prothèses sont bien utiles pour manger. Çà passe bien avant les problèmes de l'ATM.
D'ailleurs, les porteurs de prothèses dentaires n'ont pas nécessairement plus de problèmes d'ATM que les personnes dentées.
Les cliniques d'orthodontie, d'implantologie ont un rôle équivalent aux cliniques d'orthopédie, de cardiologie, de podiatries.
En conclusion, certes que d'avoir des prothèses stables facilitent une meilleure fonction masticatrice. J'aurais tendance à croire que pas de dents du tout est moins dommageable pour l'ATM que des prothèses instables et non équilibrés, mais le fait d'avoir de mauvaise prothèse ne signifie pas que vous aurez des problèmes articulaires.
J'ai assez fait de prothèse dentaire et remplacer de vielles prothèses inadéquates au début de ma carrière pour savoir que tous les porteurs de mauvaises prothèses n'avaient pas nécessairement de DTM.
McNamara JA, Jr., Seligman DA, Okeson JP. Occlusion, Orthodontic treatment, and temporomandibular disorders: a review. J Orofac Pain 1995;9:73-90.
Gerstner GE, Clark GT, Goulet JP. Validity of a brief questionnaire in screening asymptomatic subjects from subjects with tension-type headaches or temporomandibular disorders. Community Dent Oral Epidemiol 1994;22:235-242.