Camouflage orthodontique versus chirurgie orthognathique
Question :
Bonjour,
j’ai eu traitement orthodontique il y a 4 ans avec le port de broches. Pour ma mâchoire du haut, j’ai eu une expansion palatine ainsi que 4 dents extraites vu le manque d’espace que j’avais.
J’ai été traité pour une béance antérieure sévère + rétrogénie de la mandibule. On m’avait fortement conseillé la chirurgie, mais mon orthodontiste m’a dit qu’il pourrait s’en charger sans que j’aille à passer par ces opérations.
Camouflage orthodontique
Aujourd’hui, j’ai l’impression que tout se déplace et que le problème n’est pas réellement réglé, mais « camouflé« . J’ai développé des problèmes de langage (zozotement), difficulté à mâcher, craquement de la mâchoire répétitif…
Est-ce que je peux subir une chirurgie orthognathique?
Et ce, sans repasser par l’orthodontie.
Merci
Réponse :
Je pense que votre cas illustre la limite de ce qui peut être fait orthodontiquement dans un cas de béance antérieure sévère.
Le fait que vous aviez une béance antérieure indique qu’il y avait un problème d’excès vertical du maxillaire ou encore une insuffisance verticale de la branche montante de la mandibule.
Béance antérieure
En effet, une béance antérieure peut se développer s’il y a une croissance verticale excessive du maxillaire supérieur ou encore un manque de croissance verticale du condyle de sorte que la branche montante de la mandibule est trop courte et il y a ouverture antérieure. Je pourrais continuer d’élaborer sur d’autres subtilités, mais je vous perdrais dans les explications.
Camouflage et dimension verticale
Vous avez raison de dire que votre problème a été camouflé. En effet, le problème de la dimension verticale excessive n’a jamais été abordé. Les dents ont été rétractées et extrudées. Le problème de zozotement (sigmatisme) était présent avant votre traitement. Je ne crois pas que ce soit le traitement qui a causé le problème. Le problème de craquement pourrait être indicatif d’un problème de dérangement interne et d’altération de la forme des condyles.
Un traitement de camouflage orthodontique signifie que les dents ont été placées de façon à compenser le problème squelettique. On dit alors qu’il y a des compensations dentaires pour correspondre à la relation squelettique.
Si vous envisagez un traitement chirurgical, vous aurez avantage à recevoir un traitement orthodontique afin d’enlever ces compensations dentaires et permettre de corriger les défauts squelettiques de façon optimale.
Si la dentition n’est pas décompensée, un traitement chirurgical peut être réalisable, mais la correction squelettique pourrait ne pas être optimale. Je dis cela sous réserve, car je n’ai pas vu votre cas.
> Bonjour monsieur Chamberland,
> Je lis beaucoup vos chroniques fortes intéressantes et là j’ai une question pour vous.
> Je suis une femme de 48 ans.
> Je suis à 15 mois de mon traitement orthodontique, tout se passe bien, mais là je dois décider si je fais une chirurgie orthognathique ou pas.
> J’étais au début de mon traitement une classe II division 2, là à 15 mois de mon traitement, je suis toujours une classe II, un écart persiste entre mes dents supérieurs et inférieurs.
> Autant mon orthodontiste et le chirurgien maxillo-facial me déconseille de reculer mes dents du haut pour diminuer cet écart. Écart dû à un problème squelettique. Les deux craignent un vieillissement prématuré de mon visage.
> Le chirurgien maxillo-facial que j’ai rencontré veut avancé un peu mon maxillaire supérieur et l’impacter de 2 mm (pour corriger un sourire gingivale et inégal) et aussi avancer ma mandibule de 7.5 mm.
> Mon orthodontiste elle, me dit que j’ai deux options:
> 1- Ne pas faire l’opération et rester avec un écart entre les dents du haut et celle du bas.
> 2- Faire l’opération des deux mâchoires.
> En fait, elle ne me dit pas qu’elle solution que je dois prendre, et cela me rend très confuse.
> Est-ce normal de m’offrir l’option de rester avec un écart entre les dents du haut et du bas ainsi, soit rester une classe II ?
> Cela ne peut-il pas me causer des problèmes?
> L’opération est-elle une meilleure option?
> Si vous pouvez me conseiller, cela serait grandement apprécié.
> Merci d’avance.
Je suis tout à fait d’accord avec le fait que ce serait une mauvaise idée de reculer les dents du haut pour camoufler l’écart entre vos dents. Pour ce faire, il faudrait extraire 2 dents supérieures et reculer les dents antérieures de 5 à 7 mm. Votre lèvre supérieure reculera presque d’autant, vous perdrez ainsi le support de votre lèvre, votre nez paraîtra plus long.
Il se peut que vous ayez besoin d’une impaction de 2 mm de votre maxillaire, mais il est important de déterminer la quantité d’incisives visible lorsque votre lèvre est au repos. Si vous avez de 4 à 6 mm de visible, c’est normal. Il ne faut pas toujours se fier au dégagement des dents lors du sourire. Certains patients ont une lèvre qui remonte beaucoup.
Je ne crois pas que votre orthodontiste serait heureuse de terminer votre cas avec un écart de 7,5 mm entre les dents du haut et les dents du bas. Je ne crois pas non plus qu’elle serait heureuse non plus de vous renfoncer la lèvre supérieure en reculant vos dents du haut.
Vous avez donc 2 options.
1- Faire une chirurgie orthognathique d’avancée mandibulaire avec ou sans impaction du maxillaire
2- Finir le cas avec un écart de 7,5 mm, ce qui sera toujours instable, car les dents supérieures voudront revenir en classe II division 2.
Nous pourrions tout au plus débattre de la pertinence de toucher au maxillaire versus ne pas y toucher. Je ne voudrais pas m’aventurer dans ce genre de spéculation sans avoir vu votre cas et connaître toutes les données de votre malocclusion dentosquelettique.
Bonjour Monsieur Chamberland,
Tout d’abords, merci infiniment de prendre ainsi de votre temps pour essayer d’aider les gens, donc merci de m’aider.
Comme le chirurgien veut avancer la mandibule de 7.5mm et avancé le maxillaire supérieur de 4mm et l’impacter de 2mm, j’imagine que mon écart doit être actuellement de 3.5mm.
À 3.5mm, est-ce toujours problématique de rester ainsi, cela nuira-t-il à la stabilité de mes dents comme vous mentionner? et celle-ci voudront-elles revenir en classe II division II.
Je ne veux pas subir une si grosse chirurgie si cela n’est pas nécessaire. J’ai peur de ne pas aimer le résultat de mon profil par la suite. Peur d’avoir des complications avec mes articulations(ATM). Peur d’avoir finalement plus de points négatifs que positifs. Et l’opération me coûtera 4000$.
S’il est absolument nécessaire de faire celle-ci, je suis prête à le faire, mais je dois être absolument convaincue.:-(
Encore merci
Re-Bonjour Dr Chamberland,
J’ai consulté une autre chirurgien maxillo facial il y a quelques jours et celui-ci m’a plutôt suggéré soit:
1-Simplement un avancement de la mandibule de 3 mm, ce qui risque moins d’affecter le nerf mentonnier et de créer une paresthésie au menton et à lèvre inférieur. De plus, il m’a dit qu’une opération du maxillaire supérieur, crée une paresthésie à la gencive à vie.
ou
2-Un avancement du maxillaire de 2 mm maximum et de la mandibule de 5 mm, sans impaction, car justement, il a mesurer que l’on voyait mes incisives au repos de 3 à 4 mm, donc il m’a dit si je t’impacte, au repos, on ne verra plus tes dents.
ou
Que je reste comme je suis, avec un écart de 3 mm entre la mâchoire du haut et celle du bas, mais en acceptant qu’à long terme, se sera moins stable. Mais que cette instabilité peux être compensée par le port d’appareil la nuit ou de fil.
Pour ce médecin, le risque d’avoir une paresthésie au menton et lèvre inférieure, même si elles ne sont que de 10 à 15%, il trouve que c’est un risque très important.
Lui-même, ce chirurgien a un écart entre ses deux mâchoires et il ne se fait pas opérer, car il dit qu’il ne serait pas capable de vivre avec une paresthésie à vie.
Disons que ça fait beaucoup réfléchir, voir deux chirurgiens et avoir des opinions assez différentes.
C’est difficile pour moi de vous dire quel est le meilleur plan chirurgical sans vous avoir examiné.
Je ne comprend pas les craintes de ce chirurgiens concernant l’atteinte du nerf mentonnier et d’une paresthésie. Certes, le risque est réel, mais la proportion de patient qui ont ce problème en postopératoire est faible (<5%) et ne justifie pas de ne pas opérer les patients car les bénéfices d’une corrections squelettiques sont majeur.
Conserver un écart de 3 mm pause un problème perpétuel au niveau de la stabilité. De plus, lorsque vous vous êtes engagé dans le traitement orthodontique, aviez-vous été avisé qu’une chirurgie orthognathique serait nécessaire. Si vous avez été avisé et que vous avez accepté, pourquoi avoir changé d’idée?
Je ne pourrai pas résoudre votre problème à distance ni vous donnez l’absolution si vous décidez de ne pas poursuivre avec une chirurgie, ni vous dire que vous avez besoin d’une chirurgie maxillaire en plus de la chirurgie mandibulaire.
Je trouve vraiment bizarre que votre orthodontiste ne soit pas capable de vous informer et de vous donner son opinion sur ce qui est indiqué pour vous et encore plus bizarre qu’il ne communique pas avec le chirurgien pour discuter du plan chirurgical.
Re-Bonjour monsieur Chamberland,
Depuis quelques mois, je parcoure beaucoup les blogs sur internet de gens qui ont subis une chirurgie d’une ou des deux mâchoires.
J’avoue que tout ce que je lis me fais très peur.
La parasthésie semble beaucoup plus fréquente que 5%.
Beaucoup de gens disent aussi avoir des problèmes de douleurs aux nerfs suite à l’opération. Des douleurs qui persistent à vie.
J’ai aussi lu des gens qui ont des problèmes avec les plaques et vis, problème articulaire, etc…
Bouche qui n’ouvre plus aussi grande qu’avant, nez croche, asymétrie au visage, etc.
En fait, plusieurs regrette grandement, alors ça fait vraiment peur.
Qui dit vrai dans tout ça???
Je suis à un maximum deux mois de subir l’opération et j’ai presque l’envie de tout annuler.
Oui j’ai une mauvaise occlusion, mais aucuns autres problèmes!!!
Merci de me revenir.
Chantal
Vous ne devriez pas vous laisser apeuré par ce qui est écrit sur internet. Je crois que vous provenez de la région de Montréal et donc votre chirurgie, si vous en avez chois un aura vraisemblablement été formé au Québec. La réalité des opérations faites au Québec ne se comparent pas à ce qui se fait ailleurs dans le monde. J’ai une énorme confiance en nos chirurgiens québécois. Je ne dirais pas la même chose de certains autres pays… que je ne nommerai pas.
Je doute que le taux de paresthésie du mentonnier dépasse 5% des cas.
J’ai reçu votre autre courriel et vos radiographie. Je vais tentez de vous répondre ce weekend. Puis-je vous recommander les services du Dr Dany Morais, chez Maxillo Vendôme. J’ai travaillé avec lui durant 23 ans.Il est excellent.